Un blason qui fait sens pour Auvergne-Rhône-Alpes

Le 20/03/2018

Auvergne-Rhône-Alpes

Doctorant en histoire, Matthieu Casali est également féru d’héraldique et s’est prêté, dès 2018, au jeu de la conception d’un blason cohérent pour la nouvelle entité territoriale que constitue Auvergne-Rhône-Alpes. Explications.

Matthieu Casali habite en Lorraine, mais en tant que passionné d’héraldique, cela ne l’a évidemment pas empêché de concevoir et proposer de nouvelles armoiries pour plusieurs régions… parmi lesquelles Auvergne-Rhône-Alpes ! Avec sa complicité, la Région est dotée d’un blason depuis 2018.

Comment avez-vous eu l’idée et l’envie de réaliser des armoiries régionales pour Auvergne-Rhône-Alpes, alors que vous vivez en Lorraine ?

Pour la petite anecdote, j’étais en vacances dans les Alpes, en randonnée, lorsque j’y ai pensé pour la première fois. Depuis plusieurs années, je m’intéresse à l’héraldique et je n’ai pas réfléchi qu’au blason d’Auvergne-Rhône-Alpes, mais aux armoiries possibles pour six des nouvelles régions.

J’ai fait ces propositions comme on lance des bouteilles à la mer : je suis très heureux que la Région Auvergne-Rhône-Alpes se soit emparée de la question. Le blason que j’ai dessiné a donc été soumis à la commission nationale d’héraldique. Cette commission est constituée d’experts qui ont vérifié que la proposition respectait bien les règles de l’art.

Blason format site

Blasonnement

Écartelé : au premier d’or au gonfanon de gueules bordé de sinople (Auvergne) ; au deuxième de gueules à la croix d’argent (Savoie) ; au troisième de gueules au lion d’argent (Lyonnais) ; au quatrième d’or au dauphin d’azur, crêté, barbé, loré, peautré et oreillé de gueules (Dauphiné). 

Comment avez-vous eu l’idée de ce blason-là, précisément ?

Il est très cohérent par rapport aux territoires qui composent Auvergne-Rhône-Alpes. J’ai regardé des cartes de la région et des anciennes provinces. Il m’a semblé que l’Auvergne, la Savoie, le Lyonnais et le Dauphiné ressortaient comme des entités fortes de cet ensemble territorial. Je me suis également inspiré des blasons déjà existants de la Gendarmerie nationale.

J’ai donc repris les armoiries de ces quatre grands territoires et je les ai positionnées en essayant d’être le plus logique possible par rapport à la situation géographique et au placement des couleurs, croisées dans les diagonales : le fond rouge (« gueules ») pour le Lyonnais et la Savoie, et le fond jaune (« d’or ») pour l’Auvergne et le Dauphiné. Les écartelés* ne tombent pas toujours aussi bien ! De manière à ne pas surcharger l’ensemble, la bande supérieure bleue avec ses fleurs de lys (autrement dit la « bande d’azur fleurdelysée d’or »), qui figure sur les armoiries lyonnaises, a été abandonnée.

Quel est l’intérêt de réaliser un nouveau blason au début du XXIe siècle ?

En France, beaucoup de personnes continuent à faire systématiquement le lien entre héraldique et noblesse, ce qui est ridicule. Pour prendre l’exemple de la Suisse, chaque canton a son blason, et cela ne pose de problème à personne ! Se doter d’un blason est une manière d’ancrer une institution dans l’histoire. C’est un marqueur d’identité, très codifié, qui a une cohérence, suit une continuité historique et a un sens précis. Cela n’empêche nullement d’avoir par ailleurs un logo très contemporain, adapté à une communication de notre temps : le blason n’a justement pas cette vocation.

Les deux ne doivent donc être ni opposés ni comparés. Un blason n’est pas passéiste : c’est plutôt un marqueur intemporel, tout comme, par exemple, les symboles de la République que sont le drapeau tricolore (aux couleurs et aux proportions, elles aussi, très codifiées), et la devise « Liberté, égalité, fraternité », qui est un repère fixe.

(*) Écartelé : en armoiries, division en quatre parties égales, par un coupé et un parti (ligne verticale et ligne horizontale). Chaque partie est appelée « quartier ».